LEÇON II. De la contrition et du bon propos.
La pécheresse aux pieds de Jésus-Christ (Luc, VII, 36). L'enfant prodigue (Ibid. XV, 2, etc.). Le pharisien et le publicain (Ibid., XVIII, 10, etc.)
Quelle est la première partie du sacrement de pénitence ?
C'est la contrition.
Qu'est-ce que la contrition ?
C'est un regret d'avoir offensé Dieu, avec une ferme résolution de ne l'offenser plus.
Que veut dire ce mot, Contrition ?
Il veut dire brisure et froissure, comme quand une pierre est brisée et comme réduite en poudre.
Qu'entendez-vous donc par le cœur contrit ?
Un cœur dur auparavant, et maintenant brisé et froissé par la douleur de ses péchés.
Pourquoi l'Ecriture se sert-elle de ce mot ?
Pour montrer combien est touché, et combien est changé un cœur pénitent.
Combien y a-t-il de conditions nécessaires à une bonne contrition ?
Il y en a trois : il faut qu'elle soit surnaturelle, souveraine et universelle.
Que veut dire surnaturelle ?
C'est-à-dire excitée dans le cœur par le Saint-Esprit, et fondée sur les considérations que la foi nous enseigne.
Qu’entendez-vous en disant que la contrition doit être souveraine ?
C'est qu'elle doit être par-dessus toutes choses.
Comment par-dessus toutes choses ?
C'est qu'on doit être plus fâché d'avoir offensé Dieu, qu'on ne le serait de toute autre chose, même de la perte de la vie.
Qu'entendez-vous en disant que la contrition doit être universelle ?
C'est-à-dire qu'elle doit s'étendre sur tous nos péchés.
Qu'enferme donc la contrition ?
Deux choses : la haine et la détestation de la vie passée, le ferme propos et le commencement d'une vie nouvelle.
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Quelle doit être la haine et le regret de ses fautes ?
Il faut qu'il exclue la volonté de pécher.
Qu'est-ce qu'il faut considérer pour s'exciter à la haine et au regret de ses fautes ?
Il faut considérer la rigoureuse justice de Dieu , et l'horreur du péché mortel, qui nous rend dignes de souffrir éternellement les peines de l'enfer.
Quelle autre considération faut-il encore employer à s'exciter au regret de ses péchés ?
Que la bonté de Dieu est infinie; qu'il est notre créateur, à qui nous devons tout, qui nous aime plus que les meilleurs pères ne font leurs enfants.
Que faut-il encore penser ?
Que le Fils de Dieu s'est fait homme pour nous, enfant, nécessiteux, qu'il a enduré toutes sortes d'outrages pour nous sauver ; et que les péchés que nous allons confesser, ont été la cause de sa mort.
A quel regret doit-on être excité par cette pensée?
Si on avait fait mourir son père, on en aurait du regret toute sa vie. Jésus-Christ nous est plus qu'un père , et il a donné sa vie pour nous.
Quelles considérations servent à exciter le ferme propos à l'avenir ?
Les mêmes qui excitent à s'affliger des péchés passés.
Quelles sont ces considérations ?
Celles de la crainte, comme de craindre l'enfer et la mort éternelle.
Mais quelles sont les principales considérations qui peuvent exciter en nous le ferme propos ?
Celles de l'amour. On doit être affligé d'avoir offensé un si bon père, et un Sauveur si miséricordieux et si bienfaisant.
Lequel de ces deux motifs est le plus parfait ?
Celui de l'amour.
Quelle est la perfection ?
C'est que la contrition parfaite en charité suffit, avec le désir du sacrement, pour nous remettre incontinent en grâce.
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Et ceux qui n'ont pas celle contrition parfaite, ne peuvent-ils pas espérer la rémission de leurs péchés ?
Ils le peuvent par la vertu du sacrement, pourvu qu'ils y apportent les dispositions nécessaires.
Quelles sont ces dispositions ?
La première est de considérer la justice de Dieu, et s'en laisser effrayer. (Conc. Trid., sess. VI, can. VI.)
Que faut-il faire ensuite ?
Croire que le pécheur est justifié , c'est-à-dire remis en grâce par les mérites de Jésus-Christ, et espérer en son nom le pardon de nos péchés.
Et quoi encore ?
Commencer à aimer Dieu comme la source de toute justice. (Ibid., et can. I.)
Qu'est-ce qu'aimer Dieu comme la source de toute justice?
C'est l'aimer comme celui qui justifie le pécheur gratuitement, et par une pure bonté.
Pourquoi y ajoutez-vous cette dernière condition, de commencer à aimer Dieu?
Parce qu'il ne paraît pas que le pécheur puisse être vraiment converti sans ce sentiment d'amour.
Pourquoi ?
Parce que si le pécheur ne commence à aimer Dieu , il doit craindre qu'il ne continue à n'aimer que soi-même et la créature.
Et de là que s'ensuivrait-il ?
Qu'il ne serait pas converti, et que son cœur ne serait pas changé.
Que dites-vous donc de celui qui dans le sacrement de pénitence négligerait de s'exciter à l'amour de Dieu.
Qu'il n'aurait pas assez de soin de son salut.