J’avais trente ans, ma mère le double. C’étaient les vacances. J’arrivais de Paris pour un mois. À la gare, ma mère m’attendait. Au bout de cinq cents mètres, je peinais : valise trop lourde. Je la changeais de main, main droite, main gauche, main gauche, main droite.
Maman, tu as remarqué que je peinais,
et que plus le temps passait, plus je peinais.
Alors, sans rien dire, tu as pris ma valise
et tu l’as portée jusqu’à la maison.
J’avais honte (que devaient penser les gens qui nous croisaient ?) mais j’étais fier, fier de toi, de ta force. Je t’admirais. Voyant que je te regardais, tu as souri.
J’ai répondu par un sourire. L’un et l’autre, nous avons souri. Ton sourire, maman, c’était peu et c’était beaucoup.
C’était beaucoup car je te retrouve ce soir dans ton sourire,
marchant allègrement sur la route,
la valise de ton fils à la main, petite marque de la vie,
dans le souffle du temps !
Marcel Durand
Extrait d’ « Annales
Maman, tu as remarqué que je peinais,
et que plus le temps passait, plus je peinais.
Alors, sans rien dire, tu as pris ma valise
et tu l’as portée jusqu’à la maison.
J’avais honte (que devaient penser les gens qui nous croisaient ?) mais j’étais fier, fier de toi, de ta force. Je t’admirais. Voyant que je te regardais, tu as souri.
J’ai répondu par un sourire. L’un et l’autre, nous avons souri. Ton sourire, maman, c’était peu et c’était beaucoup.
C’était beaucoup car je te retrouve ce soir dans ton sourire,
marchant allègrement sur la route,
la valise de ton fils à la main, petite marque de la vie,
dans le souffle du temps !
Marcel Durand
Extrait d’ « Annales