C'est
une étonnante et admirable histoire que celle de Sainte Rita
qui
fut épouse, mère de famille et religieuse.
L'Ombrie où elle va naître
en 1381 est un monde à part, pays montagnard
fermé à l'extérieur, isolé par les montagnes et,
plus encore, par sa langue et ses coutumes, ses particularités religieuses
et son comportement typique.
Pour parvenir à son hameau
natal de Roccaporena il faut cheminer longuement par des sentiers ardus. C'est
à 700 mètres d'altitude que vit la famille de Rita.
Cet isolement est encore renforcé
par la crise religieuse et morale de cette époque. En France le Roi
perd de plus en plus son pouvoir, la Guerre de Cent Ans ruine les provinces,
dans toute l'Europe sévit la terrible peste noire qui fera des centaines
de milliers de victimes. L'Eglise est déchirée, après
l'exil d'Avignon, le Pape Grégoire XI est revenu mourir à Rome.
Urbain VI son successeur doit faire face à de nombreux problèmes,
celui de la prolifération de nombreuses sectes, celui du Grand Schisme
d'Occident avec ses deux, puis ses trois papes...
C'est le combat sans merci que se
livrent les deux prétendants à la papauté. Ils sont cupides,
cruels, sanguinaires. Chacun se disant le seul légitime et n'hésitant
pas à voler, torturer, piller sans merci...
L'on va jusqu'à la sorcellerie,
jusqu'aux voults avec des statuettes de cire pour tenter d'asseoir ce pouvoir
pontifical : Urbain VI et Clément VII ont oublié tout esprit
chrétien dans leur soif de pouvoir.
C'est une époque terrible que
traverse l'Eglise de Rome et Rita en prend conscience. En France Jeanne d'Arc
fera le même constat pour son pays.
Rappelons que Rita naît 31 ans
avant Jeanne d'Arc et qu'elle meurt 26 ans après. Quand Jeanne d'Arc
entend ses voix, Rita est déjà moniale à Cascia. Deux
vies extraordinaires qui resteront légendaires.
Longtemps désirée, Rita
naquit en 1381 au mois de mai à Roccaporena en Ombrie pas très
loin de Cascia, en Italie, d'où son nom de sainte RITA de CASCIA. Son
père : Antonio Mancini, sa mère : Aimée Lotti. A cet
enfant qui vient de naître, on donne le nom de Margarita dont le diminutif
RITA lui est resté.
Alors que ses parents
travaillaient dans les champs et qu'ils avaient déposée la jeune
Rita dans son berceau, un essaim d'abeilles entra dans sa bouche, sans lui
faire aucun mal. Ce fait quasi miraculeux laissait présager pour cette
enfant un avenir extraordinaire… Ce fait miraculeux fut connu dans la région
et laissait présager pour Rita un avenir hors du commun.
Elevée très chrétiennement
par ses parents, Rita aimait se retirer à l'écart pour prier.
Elle construisit une petite chapelle de branchage et lorsque sa mère
s'inquiétait de savoir ou était Rita, elle allait tout de suite
au fond du jardin, sûre de pouvoir y trouver son enfant en prière.
C'est ainsi que peu à peu naquit
en elle, le désir de se consacrer entièrement à Dieu.
Mais ses parents voyaient surtout
la sécurité pour l'avenir de leur fille et ils avaient un autre
projet pour elle. Ils souhaitaient la marier à un beau parti. Justement
dans la région, Antonio Ferdinando était bien connu. C'était
un solide gaillard qui avait la réputation d'être un valeureux
guerrier. Il avait été en relation avec d'anciens chefs de bande
pendant les années de trouble. Le point noir était son caractère
irascible et son penchant pour l'alcool. Etait-ce vraiment le mari idéal
pour Rita ?
Ses parents voyaient surtout la sécurité
pour l'avenir de leur fille et ils décidérent de la marier.
Rita fut bouleversée. Elle
qui ne songeait qu'à se consacrer à Dieu !
Elle supplia ses parents de lui épargner
cette épreuve, mais en vain. En ce temps là, on ne demandait
pas l'avis de la jeune fille ; les mariages étaient l'affaire des parents
qui organisaient les alliances selon leurs intérêts.
Rita avait 16 ans, elle dut se soumettre.
Cependant cette contraiété dans sa vocation n'atteint pas sa
confiance en la providence. Elle se demanda si précisément ce
n'était pas dans cette voie, qu'elle allait progresser dans la charité,
qui est le secret de la vraie perfection chrétienne.
Mais Rita souffrit beaucoup de cette
situation, d'autant plus que Ferdinando repris peu à peu ses mauvaises
habitudes et ses dangereuses fréquentations. Son mari allait jusqu'à
la frapper dans ses moments d'ivresse. Par contre dans ses beaux jours, il
savait être aimable. Rita décida de le convertir par la douceur,
la prière et le dévouement.
Elle eut des jumeaux, deux fils. Peu
à peu Ferdinando se radoucit, il cessa de fréquenter ses mauvais
amis, et perdit l'habitude de boire avec excès. Gagné par la
douceur de Rita, il décida de ne plus porter d'armes sur lui. Les jumeaux
grandissaient, mais très vite ils avaient hérité de leur
père une certaine agressivité que Rita avait bien du mal à
combattre.
Un soir, un voisin vint prévenir
Rita qu'une agression venait d'avoir lieu à cinq lieux d'ici dans le
couloir de la Vesina, réputé dangereux parce que fréquenté
par des bandits. Il en avait été le témoin et avait pu
s'approcher Ferdinando qui lui avait dit quelques mots avant de mourir. Il
pardonnait à ses agresseurs et remerciait Rita de tout ce qu'elle avait
fait pour lui. Rita avait gagné la conversion de son mari. Il était
sauvé.
Cependant ses deux fils jurèrent
de le venger, et cela malgré les objurgations de leur mère.
Rien n'y fit. Ils rencontrèrent un soir les meurtriers de leur père
et engagèrent le combat. Ils furent victimes de leur témérité.
Appelée près de ses deux fils agonisants, elle obtint leur conversion
et ils moururent en paix. Rita avait obtenu du ciel leur conversion.
Restée seule, elle pouvait
désormais espérer retrouver sa vocation religieuse et entrer
chez les sœurs Augustines de Cascia. Mais son entrée fut refusée.
On ne voulait pas d'une veuve. N'avaient le droit d'être religieuses
que des jeunes filles.
Rita aurait pu, à ce moment
là, douter une fois de plus de la providence. A quoi bon prier, aurait-elle
pu se dire ? Mais elle ne se découragea pas. Elle pria avec ferveur.
Elle multiplia les œuvres de charité envers les pauvres. Elle comprenait
leur souffrance et leur détresse, parce qu'elle avait elle-même
beaucoup souffert.
On l'aimait énormément
à Cascia, on la sentait habitée par la présence et l'amour
du Christ. C'était un personnage qui jouissait d'une grande renommée
de sainteté.
Un soir de Noël, alors qu'elle
entrait dans l'Eglise du monastère, une sœur lui fit signe, contre
toute attente, de prendre place dans le chœur avec les moniales. Ainsi sa
prière était enfin exaucée. Elle allait pouvoir devenir
religieuse. Rita devenait vraiment l'avocate des causes désespérées.
On la mit à l'épreuve
de différentes manières pour voir si sa vocation était
solide. On lui ordonna d'arroser une rose et un olivier complètement
desséchés. Ils refleurirent ; le rosier donna des fleurs et
l'olivier des fruits. Son obéissance exemplaire avait fait ce miracle.
Très connue dans la région
de Cascia, on venait la consulter de partout. Elle avait l'expérience
de la vie et savait comprendre toutes les situations difficiles et toutes
les misères humaines. A tous, elle apportait le réconfort de
sa foi et de sa prière. Chose étonnante : tout s'arrangeait
lorsqu'on s'adressait à Rita. Sa prière était entendue
du ciel. Le bouche à oreille fit le reste. Elle devint vraiment l'avocate
des causes désespérées.
On venait de partout voir la sainte
et lui confier ses problèmes. La communauté n'apprécia
pas cette publicité qui suscita une certaine jalousie parmi les sœurs.
Pourquoi venait-on consulter tout particulièrement la veuve de Ferdinando
et pas les autres sœurs ? Rita le comprit et vint un soir, s'agenouiller devant
le grand crucifix de l'autel et elle lui demanda de l'associer davantage à
sa passion pour rétablir la paix dans la communauté. Elle voulait
aider à sauver les âmes de tous ceux qui s'adressaient à
elle. Sa prière fut exaucée.
Une épine de la couronne du
Christ se détacha mystérieusement et vint se figer sur le front
de Rita. Peu de jours après, une odeur pestilentielle se dégagea
de la plaie. Il n'en fallut pas davantage, pour que la communauté considéra
que cette épreuve était une punition du ciel pour la vie passée
de Rita qui cependant avait été exemplaire. Mais à cette
époque, la renommée de Ferdinando, son mari assassiné
et le meurtre de ses deux fils, ne passaient pas pour être une vie exemplaire
et sans histoires.
Finalement, on la relégua dans
une cellule par peur de la contagion. Rita accepta tout dans un esprit de
sacrifice admirable.On lui passait sa nourriture par une petite ouverture
pour ne pas être contaminé. Un matin du 22 mai 1457 une odeur
extraordinaire de rose se répandit dans tout le monastère, ainsi
qu'un lumière particulière : Rita venait de mourir. Son visage
avait retrouvé une beauté toute surnaturelle. La communauté
se rendit compte alors qu'elle avait eu une sainte parmi elle. Elle lui rendit
hommage en diffusant sa vie et son œuvre.
Rita devint rapidement célèbre
dans toute l'Italie et bientôt dans le monde entier. Elle fut connue
et invoquée comme l'avocate des causes désespérées.
Elle fut béatifiée en 1626 par le Pape Urbain VIII et canonisée
en 1900 par le Pape Léon XIII . Son corps, dans un état de conservation
parfaite, repose dans l'Eglise de Cascia en Italie.