16Janviers2008
SAINT MARCEL
Pape et martyr
+ 310
Romain d'origine, Marcel fut choisi le 21 mai 308, pour succéder à saint Marcellin, martyrisé
deux mois auparavant. (Il siégea sous le règne de Maxence, cinq ans, six mois et vingt-et-un jours.)
Devenu Pape, saint Marcel n'oublia point les exemples de vertus et de courage de son
prédécesseur. Il obtint d'une pieuse matrone nommée Priscille, un endroit favorable pour y
rétablir les catacombes nouvelles, et pour pouvoir y célébrer les divins mystères à l'abri des
profanations des païens. Les vingt-cinq titres de la ville de Rome furent érigés en autant de
paroisses distinctes, afin que les secours de la religion fussent plus facilement distribués aux
fidèles. A la faveur d'une trève dans la persécution, Marcel s'efforça de rétablir la discipline que
les troubles précédents avaient altérée. Sa juste sévérité pour les chrétiens qui avaient apostasié
durant la persécution lui attira beaucoup de difficultés.
L'Église subissait alors la plus violente des dix persécutions. Dioclétien venait d'abdiquer en
305, après avoir divisé ses États en quatre parties, dont chacune avait à sa tête un César.
Maxence, devenu César de Rome en 306, ne pouvait épargner le chef de l'Église universelle.
L'activité du Saint Pontife pour la réorganisation du culte sacré au milieu de la persécution qui
partout faisait rage, était aux yeux du cruel persécuteur, un grief de plus.
Maxence le fit arrêter par ses soldats et comparaître à son tribunal, où il lui ordonna de
renoncer à sa charge et de sacrifier aux idoles. Mais ce fut en vain: saint Marcel répondit
hardiment qu'il ne pouvait désister un poste où Dieu Lui-même l'avait placé et que la foi lui était
plus chère que la vie. Le tyran, exaspéré par la résistance du Saint à ses promesses comme à
ses menaces, le fit flageller cruellement. Il ne le condamna point pourtant à la mort; pour
humilier davantage l'Église et les fidèles, il l'astreignit à servir comme esclave dans les écuries impériales.
Le Pontife passa de longs jours dans cette dure captivité, ne cessant dans la prière et le jeûne,
d'implorer la miséricorde du Seigneur. Après neuf mois de détention, les clercs de Rome qui
avaient négocié secrètement son rachat avec les officiers subalternes, vinrent pendant la nuit et
le délivrèrent. Une pieuse chrétienne nommée Lucine, qui depuis dix-neuf ans avait persévéré
dans la viduité, donna asile au Pontife. Sa maison devint dès lors un titre paroissial de Rome,
sous le nom de Marcel, où les fidèles se réunissaient en secret.
Maxence en fut informé, fit de nouveau arrêter Marcel, et le condamna une seconde fois à
servir comme palefrenier dans un haras établi sur l'emplacement même de l'église. Saint
Marcel, Pape, mourut au milieu de ces vils animaux, à peine vêtu d'un cilice. La bienheureuse
Lucine l'ensevelit dans la catacombe de Priscille, sur la voie Salaria. Les reliques de ce
Souverain Pontife reposent dans l'ancienne église de son nom, illustrée par son martyre. Il fut
le dernier des Papes persécutés par le paganisme.
Abbeville F. Paillart, édition 1900, p. 16-17