Ce matin, à demi éveillé, je me suis pris à revivre une bien triste scène. Un
petit oisillon fut singulièrement perturbé par une stupide bagarre qui opposa
ses globules rouges et ses globules blancs. Les premiers revendiquaient leur
importance vitale dans ce fragile corps, seul monde qu’ils connaissaient. « Par
milliers, rétorquaient les seconds, circulant comme des pompiers, nous nous
mobilisons pour chasser les intrus.
– Oui, mais, reprenaient les premiers :
Avez-vous visité les yeux de votre propriétaire ? C’est extraordinaire. Ils
perçoivent de loin mille petites bêtes pour alimenter notre vie quotidienne.
»
Bientôt le cœur, lassé de leurs chamailleries, se mit en grève et cessa de
battre ; le sang arrêta alors de les véhiculer et ce fut la fin d’un combat
ridicule.
Acceptons de n’être pas des êtres uniques. Solidaires, certes, nous
le sommes, terriblement liés les uns aux autres. Un être isolé n’existe qu’en
dépendance des autres. « Deux n’existe qu’avec un plus un. »
Dans l’Eglise,
il en va de même. La messe, certes, pourrait être une belle illustration de
cette vérité : chacun, à sa place, y trouve son rôle, l’ensemble d’un seul chœur
et d’une même voix chantant la gloire de Dieu.