Trois femmes
Trois femmes sont à l'origine du personnage de Marie Madeleine : | ||
- Marie de Béthanie, soeur de Marthe et de Lazare le ressuscité - Marie de Magdala, dite " la magdaléenne ", qui donna son nom au personnage de Madeleine. - Enfin, la pécheresse anonyme, propre à Luc. |
Les premiers textes à citer ces trois femmes sont les évangiles canoniques : A - MATTHIEU a - L'onction à Béthanie 26-6 et suiv. : Comme Jésus se trouvait à Béthanie, chez Simon le lépreux, une femme s'approcha de lui, avec un flacon d'albâtre contenant un parfum très précieux, et elle le versa sur sa tête, tandis qu'il était à table. 27-55 et suiv. : Il y avait là de nombreuse femmes qui regardaient à distance, celles-là même qui avaient suivit Jésus depuis la Galilée et le servaient, entre autre Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée. c - L'ensevelissement 27-61: Or il y avait là Marie de Magdala et l'autre Marie, assise en face du sépulcre. d - La visite au tombeau 28-1 et suiv. : Après le jour du sabbat, comme le premier jour de la semaine commençait à poindre, Marie de Magdala et l'autre Marie vinrent visiter le sépulcre. [...] B - MARC a - L'onction à Béthanie 14-3: Comme il se trouvait à Béthanie, chez Simon le lépreux, alors qu'il était à table, une femme vint, avec un flacon d'albâtre contenant un nard pur de grand prix. Brisant le flacon, elle le lui versa sur la tête. b - Au Calvaire 15-40 et suiv. : Il y avait aussi des femmes qui regardaient à distance, entre autres Marie de Magdala, Marie mère de Jacques le petit et de Joset, et Salomé, qui le suivaient et le servaient lorsqu'il était en Galilée. c - L'ensevelissement 15-47 : Or, Marie de Magdala et Marie, mère de Joset, regardaient où on l'avait mis. d- La visite au tombeau 16-1 et suiv. : Quand le sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des aromates pour aller oindre le corps [...] e - Apparition 16-9 et suiv. : Ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, il apparut d'abord à Marie de Magdala dont il avait chassé sept démons. [...] C - LUC a - L'onction 7-37 et suiv. : Et voici une femme, qui dans la ville était une pécheresse. Ayant appris qu'il était à table dans la maison du Pharisien, elle avait apporté un vase de parfum. Et se plaçant par derrière, à ses pieds, tout en pleurs, elle se mit à arroser les pieds de ses larmes; et elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers, les oignait de parfum. b - L'entourage féminin de Jésus 8-1 à 3 : Et il advint ensuite qu'il cheminait à travers villes et villages, prêchant et annonçant la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu. Les Douze étaient avec lui, ainsi que quelques femmes qui avaient été guéries d'esprits mauvais et de maladies : Marie, appelée la Magdaléenne, de laquelle étaient sortis sept démons [...] c - Les femmes au retour du tombeau 24-9 à 10 : A leur retour du tombeau, elles rapportèrent tout cela aux Onze et à tous les autres. C'étaient Marie la Magdaléenne, Jeanne et Marie mère de Jacques. D - JEAN a - La résurrection de Lazare 11-1 et suiv. : Il y avait un malade, Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de Marthe. Marie était celle qui oignit le Seigneur de parfum et lui essuya les pieds avec ses cheveux ; c'était son frère Lazare qui était malade [...] b - L'onction 12-1 et suiv. Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie, où était Lazare, que Jésus avait ressuscité d'entre les morts. On lui fit un repas, Marthe servait. Lazare était l'un des convives. Alors Marie, prenant une livre d'un parfum de nard pur, de grand prix, oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux [...] c - Le Calvaire 19-25 : Or près de la Croix de Jésus se tenait sa mère et la soeur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala. d - La visite au tombeau 20-1-2 : Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala vient de bonne heure au tombeau, comme il faisait encore sombre, et elle aperçoit la pierre enlevée du tombeau [....] c - L'apparition 20-11 Marie [de Magdala] se tenait près du tombeau, au dehors, tout en pleurs. [...] Marie de Béthanie Dans Matthieu et Marc, une femme à Béthanie parfume Jésus. On apprend dans Jean qu'il s'agit de Marie, soeur de Marthe et de Lazare. Luc parle d'une pécheresse, sans la nommer, mais la scène se rapproche beaucoup de l'onction des autres évangélistes. Il est possible que Marie de Béthanie soit la même femme que la pécheresse de Luc, mais rien ne le prouve. Rien ne prouve le contraire non plus. Marie de Magdala Marie de Magdala apparaît pour la première fois au Calvaire, à la crucifixion. Elle arrive subitement à tel point qu'elle semble être un personnage fictif inventé de toute pièce pour raconter la crucifixion et la résurrection. Heureusement, il est dit qu'elle a suivit Jésus depuis la Galilée. On en déduit qu'elle est une proche de Jésus. Elle est le témoin par excellence, témoin de la crucifixion. Les disciples ont fuit, sauf Jean et quelques femmes. Elle est également le témoin de la résurrection : quand elle arrive au tombeau, celui-ci est vide. Puis Jésus, ressuscité lui apparaît. Marie de Magdala, arrive dans l'évangile pour témoigner et pour dire que les écritures se sont réalisées. Jésus est bien le messie. Il a souffert, est mort suspendu au bois, il s'est relevé le troisième jour. Il est VIVANT. Si Marie en est le premier témoin, ce qui fait d'elle le premier apôtre, l'apôtre des apôtres, c'est parce que Jésus à chassé d'elle sept démons, c'est-à-dire qu'il l'a baptisée. La résurrection n'est pas une réalité historique, c'est une question de foi. Personne n'a vu de ses yeux la résurrection. Les disciples ne s'attendaient absolument pas à ce que Jésus ressuscite. Par contre, la crucifixion semble très probable, et à ce sujet, les historiens sont presque tous d'accord. Il est donc probable que Marie, venue de la ville de Magdala en Galilée, ait été présente au Golgotha quand le Christ est mort. Mais que penser de la scène du tombeau vide ? Personne ne savait où se trouvait le tombeau du Christ. Il a été " inventé ", au sens archéologique du terme vers 325, sous le règne de l'empereur Constantin " à la suite d'un avertissement et de suggestions de Dieu ". Saint Paul, véritable inventeur du christianisme, ne savait pas non plus où était le tombeau de Jésus. Il n'en parle dans aucun de ses écrits. Il ne parle pas non plus de Marie de Magdala qui aurait vu la première Jésus ressuscité... L'épisode du tombeau vide est en fait un récit liturgique pour expliquer que Jésus est ressuscité. Il apparaît aux alentours des années 65-70 dans l'évangile de Marc, alors que les épîtres de Paul, aux alentours des années 50 l'ignorent. C'est donc approximativement entre ces deux dates que s'est élaboré le récit du tombeau vide. Il faut se mettre à la place des disciples et de ceux qui croyaient que Jésus était le messie. Ils ne pouvaient pas accepter que leur messie soit mort, et de surcroît crucifié comme un criminel. Les apôtres et les disciples avaient tous fui pour échapper aux romains, car eux aussi étaient poursuivis. Ils ont laissé tomber leur maître, et pas seulement Pierre qui le renia trois fois avant le chant du coq. Tous l'avaient abandonné. Tous sauf Jean et les saintes femmes. Les psychologues vous le diront : il est difficile, voire impossible, de faire le deuil de quelqu'un dont on a pas vu le cadavre. Or personne n'a vu la dépouille du Christ. Il a été crucifié et jeté à la fosse commune, comme tous les criminels ennemis de Rome. Ainsi va naître le mythe de la Résurrection. Alors, s'il n'y a ni tombeau, ni résurrection, Marie de Magdala a-t-elle encore une raison d'exister ? A-t-elle encore une réalité historique ? Comme je le disais plus haut : il est possible qu'une femme nommée Marie et qui venait de la ville de Magdala ait suivi Jésus et ait assisté à la crucifixion. Rien ne prouve le contraire. Marie de Béthanie et Marie de Magdala sont-elles une seule et même personne ? Si c'est le cas on se demande pourquoi les évangélistes la nomme Marie de Magdala, et non pas Marie, soeur de Marthe et de Lazare (pour Jean), et Marie " du village de Béthanie " (pour Mathieu et Marc) ? Marthe et Lazare sont des personnages importants dans le récit de l'évangile. Jésus s'est rendu plusieurs fois à Béthanie, chez Simon le Pharisien et chez Marthe et Marie sa soeur, lors de l'onction. Il y est venu aussi pour ressusciter Lazare. Ce qui n'est pas anodin. Alors, pourquoi subitement Marie serait-elle nommée Marie de Magdala ? L'Eglise a fait de Marie-Madeleine, trois femmes en une, un personnage idéalisé, pratiquement la seule femme de cette histoire (la Vierge n'ayant qu'un rôle limité, finalement). Une pécheresse repentie : n'est-ce pas la définition même de l'Eglise des Gentils, la communauté de tous les chrétiens du monde entier, sans différenciation de race, de nationalité, de sexe ? Il lui sera beaucoup pardonné car elle a beaucoup aimé. Elle peut voir le Christ vivant car elle a été baptisée. |
Triptyque du Calvaire, Rogier Van de Weyden ( vers 1440-1445 ) à droite, Marie-Madeleine en veuve |
©Victor Mortis, 2003-2006 |