Allan Kardec
Qu'elle est affreuse l'idée du néant !
Qu'ils sont à plaindre ceux qui croient que la voix
de l'ami qui pleure son ami se perd dans le vide et ne trouve
aucun écho pour lui répondre ! Ils n'ont jamais
connu les pures et saintes affections ceux qui pensent que
tout meurt avec le corps ; que le génie qui a éclairé
le Monde de sa vaste intelligence est un jeu de la matière
qui s'éteint à tout jamais comme un souffle
; que de l'être le plus cher : d'un père, d'une
mère ou d'un enfant adoré, il ne reste qu'un
peu de poussière que le temps dissipe sans retour.
Comment un Homme de cœur peut-il rester froid à
cette pensée ? Comment l'idée d'un anéantissement
absolu ne le glace-t-elle pas d'effroi et ne lui fait-elle
pas au moins désirer qu'il n'en soit pas ainsi ?
Si jusqu'à ce jour sa raison n'a pas suffi pour lever
ses doutes, voilà que le Spiritisme vient dissiper
toute incertitude sur l'avenir par les preuves matérielles
qu'il donne à la survivance de l'âme et de
l'existence des êtres d'outre-tombe. Aussi partout
ces preuves sont-elles accueillies avec joie ; la confiance
renaît car l'Homme sait désormais que la vie
terrestre n'est qu'un court passage qui conduit à
une vie meilleure ; que ses travaux d'ici-bas ne sont pas
perdus pour lui et que les saintes affections ne sont pas
brisées sans espoir.Prière…
Daignez, ô mon Dieu, accueillir favorablement la prière
que je vous adresse pour l'Esprit de……………
; faites-lui entrevoir vos divines clartés, et rendez-lui
facile le chemin de la félicité éternelle.
Permettez que les bons Esprits lui portent mes paroles et
ma pensée.
Toi qui m'étais cher en ce monde, entends ma voix
qui t'appelle pour te donner un nouveau gage de mon affection.
Dieu a permis que tu fusses délivré le premier
: je ne saurais m'en plaindre sans égoïsme,
car ce serait regretter pour toi les peines et les souffrances
de la vie. J'attends donc avec résignation le moment
de notre réunion dans le monde plus heureux où
tu m'as précédé.
Je sais que notre séparation n'est que momentanée,
et que, si longue qu'elle puisse me paraître, sa durée
s'efface devant l'éternité de bonheur que
Dieu promet à ses élus. Que sa bonté
me préserve de ne rien faire qui puisse retarder
cet instant désiré, et qu'il m'épargne
ainsi la douleur de ne pas te retrouver au sortir de ma
captivité terrestre.
Oh ! qu'elle est douce et consolante la certitude qu'il
n'y a entre nous qu'un voile matériel qui te dérobe
à ma vue ; que tu peux être là, à
mes côtés, me voir et m'entendre comme autrefois,
et mieux encore qu'autrefois ; que tu ne m'oublies pas plus
que je ne t'oublie moi-même ; que nos pensées
ne cessent pas de se confondre, et que la tienne me suit
et me soutient toujours.