Récit d’une séance de catéchèse pour enfants moyennement handicapés qui
préparent le sacrement de réconciliation.
Après avoir expliqué aux enfants
que chacun d’entre eux allait recevoir le pardon de Jésus, je lis la question à
laquelle ils doivent répondre dans leur cahier : « Est-ce que moi aussi je
pardonne ? » Tout le monde s’exclame : « Oui ! » Chaque enfant doit étayer sa
réponse par un exemple précis : grand silence ! Le concret en ce cas devient
plus difficile que l’abstrait.
Christian me dit : « J’sais pas moi ! Je pardonne à mes camarades quand ils
m’embêtent ! »
Christian a vécu des événements douloureux. Ses parents, ses
frères et sœurs ont été séparés les uns des autres. Une nuit, un drame dans la
maison : le papa est emmené en prison. Christian ne parlait plus jamais de son
père. Or, depuis deux ou trois mois, il m’en reparle à nouveau,
gentiment.
Christian sèche devant son travail à compléter. Je lui dis : « Il
y a quelqu’un, je crois que tu lui as pardonné. - Qui ? - Je ne sais pas si je
dois le dire, c’est peut-être ton secret. » Christian tend son oreille près de
moi pour recevoir la confidence. Je chuchote : « A ton papa. » Il me fait
répéter. Alors, il tourne la tête vivement vers moi, me regarde dans les yeux
avec une expression d’amour que je ne suis pas près d’oublier ; il souffle un «
Oui ! » rapide et enthousiaste et écrit alors sur son cahier: « J’ai pardonné à
mon papa. »
Je venais de raconter la parabole de l’Enfant prodigue : un père
pardonne à son fêtard de fils ; ici, un enfant de douze ans pardonne à son père.
Un pardon réellement vécu, un pardon qui transforme la relation. Christian,
enfant défavorisé intellectuellement, ne savait pas que cela s’appelle le
pardon.